J. Vuilleumier (Vert·e·s) et M. Vonlanthen (PS)
Développement du postulat
En 2019, la Ville de Fribourg a servi environ 48'000 repas dans le cadre des accueils extrascolaires (AES), ce qui est un chiffre représentatif des années précédentes. L'effet de la pandémie Covid-19 a été quasiment absorbé par l'extension de la capacité des accueils. Ces repas sont actuellement préparés et acheminés par quatre différents services externalisés. Si dans ce cadre, une attention particulière est déjà portée sur l'équilibre nutritionnel des aliments, il est possible de franchir une étape supplémentaire en considérant également les impacts écologiques et sociaux de l'alimentation.
En effet, l'ensemble de la chaîne de production, de transformation et d'acheminement de la nourriture des champs à nos assiettes exerce une pression majeure sur l'environnement. En Suisse, on estime à 28% la charge environnementale de l'alimentation, devant le logement (19%) et la mobilité (12%)[1]. La réduction de cet impact passe par certains changements de perspective et par des choix notamment pour réduire le gaspillage, privilégier la saisonnalité et la proximité, promouvoir des produits peu ou pas transformés. Du point de vue social également, ce que l'on mange peut contribuer à réduire ou à renforcer la cohésion: d'où vient ma nourriture? Par qui et dans quelles conditions a-t-elle été produite? A-t-elle un rapport plus ou moins fort avec ma région? Autant de questions dont les réponses font de l'acte de manger, en plus d'être un plaisir, un acte qui doit avoir du sens du point de vue de la durabilité.
Les questions de l'éducation et de la sensibilisation s'invitent aussi à table. En effet, les repas servis actuellement dans nos AES, mêmes équilibrés, restent néanmoins une nourriture de type industriel. Or toute cette filière et la nourriture servie recèlent un potentiel énorme en termes pédagogiques. Intégrer activement les enfants à certaines étapes de cette chaîne et en profiter pour les sensibiliser aux choix et participations possibles pour eux s'inscrit de toute évidence dans une logique de durabilité chère à la Ville.
En prenant en compte les remarques qui précédent, les auteurs du présent postulat demandent au Conseil communal d'étudier la possibilité de réduire l'impact social et environnemental des milliers de repas financés par l'argent public des habitant·e·s de Fribourg, tout en valorisant au mieux auprès des enfants le potentiel de cette démarche. Les aspects suivants seront notamment étudiés:
- Définition de lignes directrices et de critères de durabilité pour l'approvisionnement alimentaire public intégrés dans une stratégie pour une alimentation saine et durable. Cette réflexion pourra s'appuyer sur les démarches entreprises par la Ville pour le développement durable, notamment par le label Fair Trade Town.
- Etablissement de partenariats avec des agriculteurs·trices et artisans·anes locaux pour mettre en place des circuits d'approvisionnement et de transformation courts, solidaires et écologiques.
- Elaboration d'un concept pédagogique qui sera déployé dans les AES. Ce concept aura pour finalité de permettre aux enfants de s'approprier la question des aliments sous l'angle de la durabilité. La question de la provenance des aliments, de même que celle des déchets, y occuperont une place prépondérante.
- Participation des enfants à la préparation de leurs repas. Il est évident qu'une intégration totale sera difficilement compatible avec les horaires scolaires, mais pour certaines étapes finales, la possibilité existe. Cela passera certainement par la mise en place d'une infrastructure dédiée dans chaque AES: un investissement supportable et dont les retombées positives en valent la peine.
Le présent postulat demande donc de revoir en profondeur la question de l'alimentation dans nos AES. Sa ligne directrice est la réappropriation par les enfants de cette thématique aux conséquences multiples. Pour répondre à cette ambition de manière globale et cohérente, les auteurs du postulat recommandent au Conseil communal de mandater un externe, sur la base d'un cahier des charges établi de manière transversal notamment avec le Secteur de l'énergie et du développement durable, pour le soutenir dans ces démarches.
Fribourg, le 30 mars 2021
[1] https://act4change.epfl.ch/fr/blog/2018-11-05/les-impacts-environnement…