Menu copieux pour la dernière séance en 2022 du Conseil général avec, en plat de résistance, le budget 2023. Conseiller communal directeur des Finances, Laurent Dietrich a annoncé une prévision déficitaire d’environ 4,2 millions de francs, pour un total des charges s’élevant à 296,2 mio (+ 3,8 % par rapport à 2022). Ce résultat s’inscrit dans « un contexte de crises multiples dues à la situation géopolitique, au contexte économique, à l’inflation ou aux goulets d’étranglement logistiques ». Outre l’indexation salariale, les charges liées augmentent principalement dans les domaines de la mobilité, des soins aux personnes âgées et de la péréquation financière. Les prestations fournies par la Commune à la population restent toutefois garanties, voire développées pour certaines d’entre elles.
Avant d’avaliser ce budget de fonctionnement par 46 voix pour et 25 contre, le Conseil général en a largement débattu. La présidente de la Commission financière (Cofin), Marine Jordan (PS) a indiqué qu’une minorité de la Cofin avait fait part de son mécontentement face à ce budget déficitaire et souhaitait que le Conseil communal adopte une position plus prudente, notamment au niveau des investissements. La Cofin a toutefois reconnu les efforts de l’Exécutif et salué « sa volonté de maintenir le niveau des prestations pour les citoyens·nes ». Au nom du groupe libéral-radical, David Krienbühl (PLR) a tiré la sonnette d’alarme : « Si le cycle infernal se poursuit, nous courons à la catastrophe. » L’élu a notamment appelé le Conseil communal à « absolument prioriser ses investissements », tout en l’encourageant à « renégocier certaines clés de répartition au niveau de l’Agglomération de Fribourg ». Même son de cloche du côté d’Alexandre Sacerdoti (Le Centre/PVL), qui ne constate « aucun effort d’équilibre » et pour qui la Commune « vit à crédit au point d’atteindre des niveaux d’endettement inacceptables ».
Charges liées au statut de ville-centre à étudier
Du côté de la gauche, le groupe socialiste a, par la voix de Nadège Piller (PS), regretté l’échec de la fusion du Grand Fribourg, qui aurait permis de « partager un peu plus équitablement » les coûts en matière de transports en commun, par exemple. « Nous saluons ainsi la dépense prévue pour le lancement d’une étude sur toutes les charges liées au rôle de ville-centre. » Le groupe UDC, pour sa part, s’est inquiété des chiffres présentés. Pascal Wicht a estimé que le déficit masquait « une réalité plus préoccupante encore, puisque le résultat est amélioré par un certain nombre d’opérations one-shot ». Maurice Page (CG-PCS) a, lui, « salué positivement » le signal donné par le Conseil communal à travers ce budget, à savoir « renoncer à un budget d’austérité et maintenir les prestations », priorité pour son groupe. Quant aux Vert·e·s, qui s’exprimaient par la voix de Caroline Chopard, ils·elles « sont conscients·es de l’énorme travail que représente l’établissement d’un tel budget, mais n’arrivent pas toujours à y trouver une prise de considération complète des problématiques de développement durable ». Claudio Rugo (PA) a jugé, pour sa part, les écarts entre budgets et comptes présentés comme relevant de l’« amateurisme ».
Plusieurs amendements ont été déposés durant la séance, parmi lesquels la proposition de mettre à disposition du Conseil communal les montants nécessaires afin de pouvoir indexer les salaires du personnel communal à hauteur de 2,74 % au lieu des 2,55 % prévus en raison du renchérissement. Cet amendement à hauteur de 140'000 francs et émanant du groupe PS a été accepté contre l’avis de l’Exécutif par 47 « oui », 14 « non » et 6 abstentions. Mêmes schéma et conclusion favorable pour la non-facturation aux parents, sur proposition des Vert·e·s, de la participation aux coûts de l’économie familiale aux cycles d’orientation (180'000 francs), ainsi que pour l’augmentation de 450'000 francs (proposition PS) d’une réserve en faveur de la transition écologique. En revanche, la proposition identique CG-PCS et PLR de diminuer de 310'000 francs le montant alloué au projet d’exploitation de L’Atelier (voir p. 9) n’a pas passé la rampe, ni celle du Centre/PVL de réduire de 100'000 francs le budget pour des études non prévisibles en matière d’urbanisme et d’architecture.
Investissements tous validés
Au niveau des investissements, le budget concerné prévoit une somme de 35,5 mio, à laquelle s’ajoutent 32 mio de dépenses supplémentaires qui feront l’objet de messages spécifiques courant 2023. Ce budget a lui aussi reçu l’aval du Conseil général, par 58 voix pour, 12 contre et une abstention. Avant cela, les élus·es ont accepté un amendement CG-PCS demandant l’augmentation de 160'000 francs d’un investissement initial de 700'000 francs dévolu à l’achat d’un camion-poubelle, afin que ce dernier soit électrique. À l’inverse, un amendement PLR proposant de diminuer de moitié l’investissement de 200'000 francs pour permettre le déménagement du Service de la culture dans l’ex-Musée Gutenberg a été refusé.
En outre, le Conseil général a pris acte du plan financier 2023-2027. À nouveau, Laurent Dietrich, a souligné le risque représenté par l’évolution à la hausse des charges liées, « point de vigilance le plus important ».
Feu vert au crédit d’ouvrage pour la requalification de l’interface Richemond
Après le budget, le Conseil général a encore dû se prononcer sur un important crédit d’ouvrage de 8,6 mio en faveur de la réalisation du projet de requalification du carrefour Richemond, lié à la transformation du secteur de la gare. Préavisé favorablement tant par la Cofin que par la Commission de l’édilité, des constructions et des infrastructures et après d’intenses discussions, ce crédit a reçu l’aval du Parlement (52 « oui », 2 « non », 14 abstentions).