V. Grady (PLR), A. Salina (PLR), O. Gex (PLR), D. Aebischer (PLR), R. Casazza (PLR), J.-P. Wolhauser (PLR), J.-N. Gex (PLR), D. Krienbühl (PLR)
Développement du postulat
Lucas, 13 ans, Lindsay, 15 ans et Nicolas, 15 ans. Depuis le début de l’année, trois adolescents français ont mis fin à leur jour. Trois victimes de harcèlement. Trois victimes de trop. En Suisse, environ 10% des écolier·ère·s subissent du harcèlement. Un chiffre préoccupant.
Le harcèlement ne s’arrête plus à la cour d’école ou au chemin qui mène à son domicile. En fait, il ne s’arrête pas et se multiplie via les réseaux. Au moins une agression en ligne a été vécue par 40 % des élèves.
A l’échelon du canton de Fribourg, des soutiens existent auprès des parents, du corps enseignant, de la direction d'établissement, de la médiation et du travail social en milieu scolaire. Les centres de consultation LAVI à Fribourg assurent même une aide médicale, psychologique, sociale, matérielle et juridique. N'oublions pas la méthode "Pikas", dite aussi de la préoccupation partagée, qu’un nombre croissant d’établissements a d’ores et déjà adoptée.
A quand un numéro gratuit, anonyme et confidentiel disponible 7j/7? Aujourd’hui encore, il faut respecter les heures de bureau pour se renseigner sur le sujet, se confier ou dénoncer un cas de harcèlement.
Initié en 2021 en France, le programme "pHARe" de prévention et de traitement des situations de harcèlement a fait ses preuves puisque, depuis cette rentrée scolaire, 100 % des écoles et établissements de notre pays voisin l’ont mis en œuvre. Ce plan gouvernemental présenté à la fin septembre dernier prévoit des cours d'empathie généralisés et, selon les cas, la confiscation du téléphone portable, voire l’exclusion des élèves qui harcèlent sur les médias sociaux. Outre ces mesures, ce programme met surtout à disposition, 7j/7 de 09.00 à 23.00 heures, un numéro vert et une application mobile pour tout renseignement ou signalement.
Par ce postulat, nous invitons la Ville de Fribourg à mobiliser et soutenir les acteur·rice·s de la formation et les centres spécialisés afin de mettre sur pied, sous la forme d’un projet pilote, un numéro d’urgence qui, en tout temps, permettra de prendre en charge les victimes, ainsi que leurs familles et de dénoncer les cas de harcèlement. Nous demandons aussi que la Ville de Fribourg s’engage à systématiser la communication du numéro d’urgence à chaque rentrée scolaire. Si cette action s’avère efficace, elle permettrait à la Ville de Fribourg d’encourager l’Etat de Fribourg à l’appliquer à l’ensemble du canton.
Professeure à la HEP Valais et collaboratrice scientifique au Centre interfacultaire en droits de l’enfant de l’Université de Genève, Zoé Moody a récemment relevé, dans une interview accordée au journal Le Temps, les lacunes du système suisse dans la sensibilisation des enseignant·e·s. Selon elle, des cours obligatoires sur le sujet devraient être intégrés au cursus des professeur·e·s. Par ce postulat, nous sollicitons donc l’attention du Conseil communal sur l’importance de mesurer le climat scolaire afin de l’intégrer à sa stratégie anti-harcèlement.
Fribourg, le 10 octobre 2023