V. Abate (Verts), G. Bourgarel (Verts), Caroline Chopard (Verts), O. Collaud (Verts), M. Mendez (Verts), F. Menétrey (Verts), F. Ragusa (Verts) et J. Vuilleumier (Verts)
Développement du postulat
Partout à travers le monde, la moitié de la population, autrement dit une personne sur deux, a une charge supplémentaire à gérer. Peu de sujet ne touche un si grand nombre de personnes, si régulièrement et sur une si longue durée. Il est temps que nous nous occupions de l'accès aux protections hygiéniques et de briser le tabou de la précarité menstruelle.
Une charge mentale supplémentaire
Ne pas avoir accès à des protections hygiéniques au bon moment ou en quantité suffisante peut avoir des conséquences dramatiques pour les personnes concernées: atteinte à la dignité, atteinte à la santé, voire même exclusion sociale, certaines personnes mettant en place des stratégies d'évitement considérables. Cette problématique est donc à la source d'inégalités économiques, sociales et sanitaires dans notre ville qu'il convient de traiter. Oui, les règles sont un enjeu politique à part entière.
Jeunes femmes et femmes vulnérables
Les jeunes femmes et les femmes qui sont déjà en situation de vulnérabilité sont confrontées chaque mois à cette période de stress où le regard de l'autre et la pression sociale sont très forts. Prises souvent au dépourvu, les personnes ayant des règles se retrouvent parfois à improviser pour pallier le manque de protection hygiénique. C'est facile de demander un cachet contre le mal de tête, ça l'est moins quand il s'agit de demander un tampon.
Bien sûr, les écolières peuvent se rendre à l'infirmerie de leur établissement, les femmes en situation de précarité dans des accueils sociaux ou associations caritatives. Il s'agit alors d'une demande expresse impliquant un ressenti intact de culpabilité, d'embarras et de honte, C'est pourquoi il est capital de garantir à toute femme l'accès à des produits d'hygiène de base.
Un coût considérable
Suite à une enquête menée par la Radio Suisse Romande début 2020, on estime qu'une femme consomme en moyenne 4'500 francs pour ses protections menstruelles durant sa vie[1]. En mars 2019, le Conseil national a enfin adopté une motion demandant de baisser le taux de TVA sur les serviettes hygiéniques et tampons à 2.5% au lieu de 7.7%, admettant qu'il s'agit de produits de première nécessité, au même titre que le papier de toilette.
Les menstruations sont une réalité pour la moitié de la population et l'accès à ces produits est une nécessité, pas un luxe.
Demande au Conseil communal
En donnant un accès libre à ces produits, la Ville de Fribourg suivrait ainsi l'exemple d'autres régions telles que la Ville de New York, le gouvernement écossais, le Pays de Galles, le Royaume-Uni et la Colombie Britannique au Canada, en Nouvelle-Zélande[2] ou plus près de chez nous, à Tavannes[3].
Par ce postulat, nous demandons au Conseil communal d'étudier:
- La mise en place d'un libre accès aux protections hygiéniques (de type serviettes et tampons) dans les écoles dans lesquelles cela s'avère nécessaire, avec une mise à disposition adaptée à l'âge des élèves;
- La mise à disposition systématique de protections hygiéniques gratuites et en libre accès dans toutes les toilettes des bâtiments fréquentés par des populations dites vulnérables (accueils sociaux, centres d'accueil et de prise en charge de personnes migrantes et/ou précaires, prisons, hôpitaux, etc.);
- La mise à disposition systématique de protections hygiéniques gratuites et en libre accès dans les toilettes des établissements publics;
- La mise en place de moyens de communication indiquant aux femmes la mise à disposition des protections hygiéniques (à l'aide notamment d'outils visuels: cartes, pictogrammes, etc.).
Fribourg, le 29 juin 2020
[1] Une enquête récente du journal Le Monde estime qu'une femme dépense près de 3'800 euros dans sa vie.
[2] Ainsi, à l'étranger et particulièrement dans le monde anglo-saxon (Ecosse, New York, Canada, Halifax, Colombie Britannique Ville de Montréal, Paris, Rennes, Lille, etc.), plusieurs collectivités publiques ont mis en place des mesures pour garantir l'accès aux produits menstruels, que ce soit en mettant des protections gratuites dans tous les bâtiments publics ou en assurant la distribution gratuite de protections périodiques dans les écoles publiques, les prisons, les foyers pour sans-abri, etc.
[3] Sujet RTS-Journal 19h30 https://rts.ch/play/tv/redirect/detail/11406241