C. Goy (Vert·e·s), S. Delaloye (PS)
Développement du postulat
L'(in)égalité s'apprend dès le plus jeune âge.
Les recherches dans les domaines de la sociologie et de l'éducation ont en effet montré que les attitudes des adultes, les pratiques éducatives, les jouets, les jeux, les livres, l'organisation de l'espace, entre autres, véhiculent des stéréotypes de genre que les enfants intègrent puis reproduisent. Ces stéréotypes portent sur les rôles et expressions de genre, c'est-à-dire les rôles et activités associés aux catégories du masculin et du féminin, et la façon dont une personne exprime des aspects considérés comme masculins ou féminins[1]. Ces catégories ne se voient pas attribuer la même valeur, et participent ainsi à l'instauration et la reproduction de rapports de pouvoir. Cette socialisation différenciée est donc à la source d'inégalités et de discriminations.
Pour ces raisons, l'éducation est considérée comme le domaine privilégié de la perpétuation des rapports inégaux de genre [2]. Au même titre, elle peut aussi être un formidable levier pour lutter contre la persistance de ces inégalités[3]. Déconstruire les stéréotypes de genre et éduquer à l'égalité permet en effet de remettre en question la hiérarchisation des catégories de genre. Cela permet également de laisser le champ libre aux enfants afin qu'elles et ils développent leurs compétences propres, selon leurs envies et aspirations et sans devoir entrer dans un rôle imposé socialement.
L'éducation s'entend ici au sens large et ne couvre ainsi pas seulement le programme scolaire obligatoire, domaine de compétence cantonal, mais également l'accueil extra-scolaire et l'accueil de la petite enfance. La Ville de Fribourg a donc un rôle important à jouer dans ce domaine. En effet, elle pourrait par exemple inclure l'éducation non-stéréotypée et le principe d'égalité de genre dans le concept pédagogique fixant les orientations socio-éducatives de l'accueil-scolaire, et proposer des formations destinées aux professionnel·le·s de l'accueil extra-scolaire et des crèches leur permettant de questionner leurs postures et pratiques sous l'angle d'une perspective de genre et d'acquérir des outils concrets pour mettre en œuvre une éducation non-stéréotypée.
Par ce postulat, nous demandons ainsi au Conseil communal d'analyser, d'après une perspective de genre, l'accompagnement des enfants proposé par l'accueil extra-scolaire, et, sur cette base, de mettre en place des mesures concrètes pour promouvoir et mettre en œuvre de nouvelles pratiques éducatives non-stéréotypées. Ces mesures devraient aussi bien questionner les interactions entre professionnnel·le·s et enfants (sollicitations, attitudes, encouragements, langage…) qu'entre professionnel·le·s et parents (rôles attendus des parents, inclusion des familles arc-en-ciel oumonoparentales…), ainsi qu'entre enfants (activités, interactions, utilisation de l'espace…).
Fribourg, le 11 octobre 2021
[1] Ducret V., Le Roy V. et Nanjoud B. (2015), La poupée de Timothée et le camion de Lison, Guide d'observation des comportements des professionnel-le-s de la petite enfance envers les filles et les garçon, p. 13.
[2] Jamet E., Reusser A. et Blaser C. (2021). Perspective de genre dans la politique de l'enfance et de la jeunesse: pourquoi et comment agir? Tour d'horizon des concepts, études et pratiques. Neuchâtel: étude réalisée par l'association SEM sur mandat de la Commission fédérale pour l'enfance et la jeunesse, p. 4. Aux pages 32 et suivantes, cette étude présente également un état des lieux de différents projets et programmes mis en œuvre en Suisse qui prennent en compte une perspective de genre, pouvant servir d'inspiration.
[3] Voir notamment les projets de la Conférence romande des bureau de l'égalité tells que "l'école de l'égalité" et "balayons les clichés".