La séance s’est ouverte sur diverses élections : Grégory Grin (PLR) a accédé au Conseil général en remplacement d’Adrienne Salina et Aurélie Cavin, membre du parti Vert·e·s, a été élue représentante de la Ville au Conseil d'agglomération à la place d'Inès Quartenoud (Vert·e·s).
Un budget ambitieux et volontaire
Le budget 2024 de la Ville de Fribourg était l’enjeu principal des débats. Il présente un excédent de charges attendu à hauteur de 12,4 millions de francs, pour un total de charges de 306,9 mio. Laurent Dietrich, vice-syndic et directeur des Finances, a expliqué ce déficit par un contexte de crise, une hausse des prix des matériaux et des taux d'intérêts et, par conséquent, de la masse salariale du personnel. Enfin, les charges liées sont également en augmentation (péréquation financière cantonale, projets de mobilité et soins). Malgré le contexte morose, la volonté du Conseil communal reste de maintenir et d'accroître les prestations à la population. Par ailleurs, le Conseil communal juge la situation financière communale saine, car la capacité d'autofinancement est garantie.
La présidente de la Commission financière (Cofin), Marine Jordan (PS), a relevé le caractère ambitieux de ce budget et a salué la volonté du Conseil communal « d’améliorer constamment le niveau de prestations pour les habitantes et habitants de la ville. Il permettra la mise en œuvre de projets innovants et attractifs pour le bien de toute la population. » Elle s’est montrée satisfaite, notamment, de l’engagement de personnel supplémentaire dans les accueils extrascolaires, du rôle formateur de la Ville en tant qu’employeuse avec l’engagement de sept apprentis·es supplémentaires, portant le total à trente. Enfin, elle s’est réjouie que le Conseil communal investisse dans des études permettant de mieux comprendre le non-recours aux services de l’aide sociale et ainsi de mettre en place des mesures pour améliorer cette situation.
Un déficit qui fâche et une demande de renvoi
En revanche, la présidente a relayé le mécontentement d’une minorité de membres de la Cofin, qui ont exhorté le Conseil communal à « prendre une position beaucoup plus prudente afin de veiller au montant de la dette qui sera léguée aux générations futures ». Les groupes PLR, Le Centre-PVL et UDC ont partagé cette inquiétude. Ils se sont unis pour demander un renvoi du budget. « Que fait le Conseil communal pour éviter cette spirale infernale ? Nous courons à la catastrophe. Nous allons droit dans le mur », s’est insurgé David Krienbühl au nom du PLR. « Nous courons droit dans le mur, en chantant », a même ajouté Isabelle Sob (Le Centre-PVL). Bien que reconnaissant la nécessité de penser aux générations futures, elle était d’avis qu’il est nécessaire de leur laisser des finances saines : « On ne veut pas entrer dans l’histoire comme ceux qui auront précipité la commune dans le surendettement. » La colère a grondé aussi auprès du groupe UDC, par la voix de Pascal Wicht : « Un bon Exécutif se dirait qu’il faut prendre des mesures dès aujourd’hui. Mais, ça, c’est ce qui se passerait si nous avions un Exécutif soucieux de bonne gestion. »
« Cette demande de renvoi n’a pas de sens », a développé Maurice Page, au nom du groupe Centre gauche – PCS. « Le Conseil communal indique qu’il n’a pas d’inquiétude. » En effet, les comptes des années précédentes étaient positifs et 2023 s’annonce comme suivant la même tendance. « On lègue des réalisations et des infrastructures qui dureront à long terme et non pas des dettes », a-t-il poursuivi. Ce budget a aussi obtenu le soutien du groupe PS, par la voix de Samuel Jordan : « Oui, les chiffres interpellent, mais nous pouvons nous le permettre. Nous voulons être au service de la population. Nous pouvons puiser dans nos bas de laine. » Selon Caroline Chopard, du groupe des Vert·e·s, « le budget s’oriente vers la qualité de vie des habitantes et habitants, mais manque de boussole sur les actions pour l’environnement ». Elle s’est montrée « sensible à la hausse des dépenses énergétiques. On se demande donc s’il ne faudrait pas axer sur la production régionale. » Au final, la demande de renvoi a été refusée par le plénum.
Soutien aux actions d’entraide et au sport
Au moment des discussions de détails, l’assemblée a proposé et validé diverses modifications : hausse des budgets alloués à des subventions, particulièrement d’entraide ou à caractère social et au milieu sportif, ainsi qu’augmentations des montants alloués aux installations sportives et études y afférentes. En revanche, certaines propositions ont été refusées. Ainsi, David Krienbühl a demandé de supprimer la somme couvrant les abonnements de transports publics pour les écolières et écoliers, mais il n’a pas convaincu. La conseillère communale Mirjam Ballmer, directrice de l’Enfance des écoles et de la cohésion sociale, a également rappelé que cette dépense était liée à un règlement, obligeant l’Exécutif à l’honorer.
Le budget de fonctionnement a été accepté par 46 voix pour, 25 contre et une abstention. Celui des investissements a passé la rampe avec 61 oui, aucun non et 11 absentions.
Plan financier : mélange de confiance et d’inquiétude
Le Conseil général était également appelé à prendre acte du plan financier 2024-2028 de la Ville de Fribourg. Laurent Dietrich a rappelé que cet outil sert à la planification et au pilotage à moyen terme des finances. La Cofin, par la voix de sa présidente Marine Jordan, a relevé que plusieurs indicateurs n’étaient pas réjouissants, tels le taux net d’endettement, le degré d’autofinancement ou encore l’indicateur de la dette brute par rapport à l’autofinancement. De plus, le taux d’autofinancement devient un point d’attention à suivre attentivement. Toutefois, elle a vu dans ce plan financier une volonté politique d’investissement forte et a noté que l’amélioration des services à la population avait un coût légitime. Enfin, la Cofin s’est dite persuadée que l’Exécutif saurait s’appuyer sur les divers indicateurs pour une planification prudente de manière à contenir l’endettement dans les limites admises par la loi.