Pour cette deuxième séance automnale, le Conseil général avait pour tâche d’examiner deux Messages, le transfert du Bataillon des sapeurs-pompiers de la Ville au Réseau Santé Sarine (RSS) et le crédit d’ouvrage pour la requalification de la rue Pierre-Aeby. Ils ont tous deux été acceptés. Les débats ont cependant été nourris.
Suite à l’adoption par le Grand Conseil en 2021 de la nouvelle loi sur la défense incendie et les secours (LDIS), l’organisation des sapeurs-pompiers est modifiée en profondeur, puisque la défense incendie se gérera désormais en fonction du risque et non plus des frontières politiques (communales), ceci afin de garantir l’aide adéquate la plus efficace. Pour la Ville, cela concerne son Bataillon des sapeurs-pompiers qui sera transféré au RSS à partir du 1er janvier 2023. Dans son Message du 5 septembre dernier, le Conseil communal demandait au Conseil général d’approuver les modifications des statuts du RSS et la caducité de la réglementation communale en matière de défense incendie et de secours.
Réduction de la taxe non-pompier
Au nom de la Commission financière (Cofin), Marine Jordan (PS), présidente, a relevé la clarté du message communal tout en déplorant que le RSS «nous impose l’approbation de ses statuts sans réelle marge de manœuvre». Plusieurs membres de la Cofin ont regretté de devoir se prononcer sans pouvoir connaître précisément les coûts que ce changement engendrera pour la Ville. Certes, la taxe d’exemption non-pompier passera de Fr. 160.- à Fr. 100.-, une réduction qui, malgré la perte financière pour la Ville « permettra d’atténuer partiellement l’injustice sociale de cette taxe peu égalitaire», estime la présidente. La Cofin a préavisé favorablement le message.
Pierre-Olivier Nobs, directeur de la Police locale et de la Mobilité, a alors pris la parole pour expliquer que la taxe d’exemption diffère beaucoup d’une commune à l’autre et ce fut la principale pierre d’achoppement. « Le montant de Fr. 100.- est le fruit d’un compromis qui laisse un montant non couvert de Fr. 884'267.- pour 2023 à la Ville. » Montant qui pourra être partiellement compensé par la location des bâtiments et entrepôts au RSS.
Un prix à payer
Les groupes ont tous reconnu que ce changement de politique du feu était nécessaire. Mais le prix à payer a été débattu. David Krienbühl (PLR) salue la réduction de la taxe d’exemption tout en critiquant de manière générale « la réalisation d’un bénéfice sur des émoluments perçus ». Il se demande aussi comment avoir un contrôle démocratique sur le RSS, afin d’éviter que ce dernier ne devienne un « monstre » incontrôlable. Marine Jordan (PS) demande aussi de « veiller à ce que le RSS ne devienne pas un fourre-tout ingérable », rejointe en cela par Maurice Page (CG-PCS). Ce dernier, ainsi que Marie Giller-Zbinden (UDC) relèvent que la commune de Fribourg paiera un coût supplémentaire, par solidarité (clé de répartition), par rapport aux autres communes du district. Les deux regrettent également un élargissement trop généreux des exemptions de la taxe, notamment pour les jeunes en formation jusqu’à 25 ans révolus : n’est-ce pas justement ces jeunes-là qu’elle incite à servir dans le bataillon des pompiers ? A l’inverse, Jean-Thomas Vacher (Le Centre/PVL) salue ces exemptions, dans le sens où « nombre de familles doivent faire face à la difficulté de payer trois, quatre, voire cinq taxes non-pompiers avec des enfants aux études qui ne gagnent au mieux qu’un revenu marginal. » Pierre-Olivier Nobs a conclu de manière rassurante : « Parfois, il faut savoir être généreux pour recevoir demain. » Les groupes ont accepté le Message par 69 voix pour, une contre et une abstention.
Rue Pierre-Aeby : plus d’arbres, moins de voitures…
L’autre Message concernait le crédit d’ouvrage demandé pour la requalification de la rue Pierre-Aeby, qui s’élève à 2,8 millions de francs. A la clé : un réaménagement complet des surfaces qui passeront en pierre naturelle au lieu de l’asphalte, avec élargissement des trottoirs pour les piétons, mise en sens unique de la rue mais aussi suppression de places de parc pour les voitures, plantation de trois arbres et remplacement de la source d’éclairage public actuelle par une source LED.
La Cofin a préavisé favorablement celui-ci à l’unanimité, non sans avoir regretté que ces travaux n’aient pu être coordonnés avec ceux du chauffage à distance (CAD). Sa présidente Marine Jordan a assuré que « ce projet maintient un bon équilibre entre le respect du patrimoine et les possibilités, certes restreintes, de végétalisation ». A l’instar de la Cofin, Charles de Reyff (Le Centre/PVL), président de la Commission de l’édilité, des constructions et des infrastructures (Coed), loue la démarche participative qui a été menée avec le voisinage concerné, le pavage en galets régionaux, et déclare aussi un préavis favorable à l’unanimité.
… mais trop minéral quand même
Lors de la discussion de groupes, Alexandre Sacerdoti (Le Centre/PVL) revient sur la suppression d’une vingtaine de places de parking en indiquant que « les souhaits des habitants concernés par ces suppressions n’ont pas été totalement respectés. » Son groupe regrette que les espaces verts n’aient pas été plus nombreux sous prétexte « de la préservation du caractère historiquement minéral du Bourg ». Même remarque de la part de Jean-Pierre Wolhauser (PLR) : « Le projet est très minéral. L’aménagement de bacs à fleurs (…) serait souhaitable. » Au sein du groupe PS, signale Pierre-Alain Perritaz, certains membres déplorent également un manque de végétalisation. Claudio Rugo (PA) va jusqu’à suggérer de « faire des tunnels pour que les arbres puissent communiquer entre eux » et il cite un ouvrage de Zep à ce sujet. Quant au groupe des Vert·e·s, leur porte-voix Giulia Tognola demande de prendre en compte les conséquences environnementales de l’éclairage pour qu’il soit en adéquation avec la stratégie Lumière de la ville. Chantal Wicky Collaud (CG-PCS) ajoute que « les personnes à mobilité réduite pourront profiter pleinement de ces nouveaux aménagements ».
Si presque tous les groupes ont salué la démarche participative, ils ont presque tous aussi regretté que la place du Marché-aux-Poissons n’ait pas été intégrée dans ces travaux. A cela, Andrea Burgener Woeffray répond que la rue Pierre-Aeby est aussi reliée à la rue de Morat, et c’est dans le cadre de cette future étape que la rénovation de la place sera envisagée. « C’est un montant bien investi » conclut la conseillère communale. Le Conseil général a voté le crédit par 71 voix pour et une abstention.