Résumé du postulat
Le Conseil communal a pris connaissance du postulat n° 106.
Il demande d'étudier la possibilité de développer un concept de First Friday dans le périmètre de la rue de Lausanne et autour de la cathédrale en:
- examinant comment le concept du First Friday pourrait se développer dans la zone autour de la cathédrale/ rue de Lausanne;
- s’inspirant des expériences faites dans des villes comme Bienne;
- impliquant les interlocuteurs concernés (associations de quartier, restaurateurs, commerces et boutiques, actrices et acteurs culturels locaux) et les différents secteurs concernés dans
Réponse du Conseil communal
- Préambule
Le Conseil communal, conscient des enjeux liés à la vitalité des quartiers historiques, a pris l'initiative de déployer diverses actions visant à stimuler leur dynamisme et à restaurer leur attractivité dans le sillage des mutations urbanistiques qui y interviennent (notamment la finalisation des travaux de requalification du Bourg phase 1 entre fin 2024 et début 2025). Dans cette optique, il a été constaté que l'engagement dans des projets d'envergure, tout en favorisant une approche progressive, est essentiel pour instaurer une transformation économique et sociale pérenne dans ces quartiers.
Pour ce faire, le Conseil communal a actionné plusieurs leviers:
- la requalification des espaces publics au centre-ville;
- les facilitations de procédure pour le développement de terrasses (y compris sur les nouveaux espaces requalifiés);
- l’extension des horaires d’ouverture des commerces par l’introduction de la zone touristique ;
- le développement de l’Atelier et de ses partenariats ainsi qu’un nouveau projet de décoration et d’animation d’hiver;
- le maintien de son soutien à de nombreux projets privés d’animation.
Plus particulièrement, le projet d’hiver en cours d’élaboration se développera dans le Bourg avec de nouveaux décors lumineux dès 2024 et avec des animations dès sa deuxième édition en 2025. Il fera ainsi profiter le quartier d’une nouvelle mise en lumière durant la période ainsi que du développement de nouveaux partenariats à l’échelle du quartier.
Le Conseil communal estime qu’il est nécessaire de laisser le temps à ces nouveautés de créer l’émulsion dans le quartier plutôt que de multiplier de petites interventions. Une analyse de divers scénarios d’animation possibles, sur la base des projets du type "First Friday" existants dans diverses villes, a toutefois été effectuée.
- Analyse des projets d’animation de type "First Friday" existants et mise en perspective avec la situation locale
a. Recherches préliminaires
En vue de comprendre le fonctionnement et les retombées éventuelles des différents projets existants en Suisse romande basés sur le concept des First Friday, le Conseil communal a examiné les situations dans d’autres villes accueillant des projets similaires.
Les villes de Bienne, Yverdon-les-Bains ainsi que Villeneuve ont été contactées. Toutes les trois hébergent des événements ponctuels qui fonctionnent sur différents modèles.
i. Cas de Bienne
L’initiative des First Fridays de Bienne émane de trois personnes qui ont pris exemple sur un concept américain existant. Il s’agit donc d’une initiative citoyenne et non commerciale ni publique. L’initiative est totalement bénévole et basée sur une association à but non lucratif. Les commerçants ont été impliqués pour présenter leurs boutiques, mais ils ne tiennent pas de stands.
Voici quelques éléments clés:
- Le concept a pris huit mois à être développé et les bénévoles ont réalisé plus de 3'000 heures de travail pour ce faire, y compris du porte à porte auprès des commerçants du quartier.
- L’association est financée par des sponsors, des partenariats et des dons. La communication et le marketing sont assurés par un des membres fondateurs qui a sa propre agence de communication.
- Le nombre de visiteurs oscille entre 3'000 en hiver et 10'000 en été. Ils proviennent de la région mais aussi au-delà.
- La Ville de Bienne participe à hauteur de CHF 20'000.- au projet, montant qui sert uniquement à payer une partie des taxes d’empiètement du domaine public.
La Ville de Fribourg a pris contact avec l’Association First Fridays, qui développe son concept aussi dans d’autres villes et pourrait envisager de monter un tel projet clés-en-mains dans le Bourg, sur mandat, pour un budget estimé entre CHF 300'000.- et CHF 400'000.-.
ii. Cas d’Yverdon-les-Bains
Autre cas, la Ville d’Yverdon-les-Bains organise le "Rendez-vous des terrasses" par son Service de la culture. Cette manifestation se base sur un concept préexistant, autrefois mené par deux restauratrices, puis repris par la Ville elle-même.
Voici quelques éléments clés:
- Le nombre de dates est bien moindre qu’à Bienne, et les manifestations ont lieu principalement durant l’été.
- A la base, ce projet n’est pas mené en collaboration avec les commerçants. Il s’appuie principalement sur les acteurs et les associations culturelles.
- Aujourd’hui, il existe toute une programmation dans les restaurants. Les restaurateurs s’occupent de la programmation musicale uniquement. Pour le reste, c’est la Ville qui coordonne et organise.
- Le budget global est de CHF 15'000.- et comprend la communication, le graphisme, la programmation, etc. Il est gourmand en ressources humaines.
- Des contreprestations sont offertes, telles que l’électricité, le travail de voirie ou encore l’annulation des taxes d’empiètement.
iii. Cas de Villeneuve
Depuis 2019, Viva-Cité a développé le concept des First Fridays à Villeneuve. C’est une association citoyenne apolitique qui s’appuie sur un réseau de bénévoles.
Voici quelques éléments clés:
- Le projet est plutôt culturel. Certains commerçants animent désormais aussi la manifestation en proposant des stands sur la rue, ce qui a été obtenu après une longue période de travail de porte à porte.
- Il a été mentionné que des tensions persistent entre les organisateurs de la manifestation, les restaurateurs et les commerces, qui n’y trouvent pas forcément leur intérêt. L’organisateur mentionne que malgré l’augmentation de fréquentation des lieux publics, restaurateurs et commerçants refusent majoritairement de participer financièrement ou par le développement d’animations.
- La manifestation attire entre 100 personnes en hiver et jusqu’à 1'000 en été.
- La Commune n’est pas impliquée dans le projet hormis pour la mise à disposition gratuite de matériel. Elle perçoit quelques taxes administratives et d’empiètement pour chaque édition.
- C’est une banque qui assure le principal sponsoring de l’événement et l’association se finance par la tenue d’un bar dans la rue.
b. Situation et expériences passées dans le quartier du Bourg
Dans le cadre du projet de valorisation de la vieille ville mené entre 2017 et 2020, la Ville de Fribourg avait alloué un budget initial de CHF 20'000.- pour la création de la Plateforme du Bourg. L’objectif était de créer une Plateforme unifiée rassemblant les différents acteurs du quartier du Bourg (habitants, commerçants, associations culturelles) afin de définir une vision commune pour le quartier, de coordonner des projets d'animation et d'organiser la vie locale (économie, culture et société) ainsi que de faciliter le contact avec l'Administration communale. Cependant, faute de leadership local, ce financement n'a pas été utilisé malgré les efforts de la Ville pour encourager les initiatives. Ce constat révèle une certaine fragmentation des associations du quartier. Or, fédérer les acteurs et actrices des quartiers est un facteur clé pour la réussite d'un projet global.
Par ailleurs, malgré des améliorations dans le domaine commercial, notamment grâce à l'institution d'une zone touristique élargissant les horaires d'ouverture des commerces, aucune coordination n'a été mise en place pour des ouvertures tardives le week-end ou des ouvertures dominicales ponctuelles malgré les sollicitations de la Ville lors des rencontres semestrielles avec les commerçants.
Depuis 2020, la situation associative dans le quartier n'a guère évolué, malgré l'émergence de projets indépendants et l'ouverture de nouveaux espaces culturels et de loisirs. Il est nécessaire que cette situation évolue afin de favoriser l'intégration harmonieuse de projets tels que les "First Fridays" dans le quartier du Bourg.
- Conclusion
Les recherches ont démontré que la participation active des acteurs locaux, tels que les associations de quartier, les associations culturelles ainsi que les restaurateurs et les commerçants, est indispensable pour garantir le succès d'un projet de type "First Friday".
Sans cela, un tel projet nécessiterait de la part de la Ville un investissement financier significatif et un engagement très soutenu sur le terrain sans pour autant voir la réussite du projet.
Cependant, comme expliqué en introduction, la Ville soutient déjà plusieurs projets dans le quartier. Le Conseil communal souhaite donc privilégier une approche progressive et participative et laisser aux partenaires économiques, sociaux et culturels le temps de se réapproprier les lieux et les nouveaux projets qu’elle mène de front avant d’entamer un projet supplémentaire.
Cela étant, afin de continuer à contribuer à l’éclosion d’initiatives privées ou associatives, le Conseil communal examinera l’opportunité de prévoir un montant pour un appel à projets dans le cadre du processus budgétaire 2025.
Le postulat n°106 est ainsi liquidé.