E.-L. Niederhäuser (PS), M. Vonlanthen (PS), D. Cardoso de Matos-Berger (PS)
Développement du postulat
Le secteur des transports est loin d'être sur la bonne voie pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux pour 2030 et 2050. Malgré les gains en efficience énergétique, en particulier dans le transport routier, la demande mondiale d'énergie dans le secteur des transports n'a cessé d'augmenter au cours de la dernière décennie, en raison principalement de l'augmentation du nombre et de la taille des véhicules sur les routes du monde. Il en résulte une augmentation mondiale des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur des transports, même si les émissions de ce secteur ont diminué dans certaines régions. Le secteur dans son ensemble a représenté près d'un quart des émissions mondiales de GES liées à l'énergie en 2019. On estime que le transport routier représentera à lui seul au moins 70% des émissions de GES du secteur d'ici à 2050 si aucune autre mesure n'est prise. La demande d'énergie pour les transports augmente beaucoup plus rapidement que dans tout autre secteur, alors que les transports dépendent encore largement des combustibles fossiles et que la part des énergies renouvelables est de loin la plus faible parmi les secteurs d'utilisation finale. Les transports représentent près d'un tiers de la consommation totale d'énergie finale, mais seuls 3.7 % de cette consommation sont couverts par des sources renouvelables. De plus, le paysage mondial actuel est très complexe (guerre, manque des ressources primaires, etc.), marqué par de nombreuses instabilités et des défis.
En Suisse, les transports sont responsables d'environ 32% des émissions de C02 du pays, un chiffre qui les place en tête de liste. L'objectif visé par le Conseil fédéral d'atteindre l'émission zéro nette d'ici 2050 implique la décarbonisation du secteur de la mobilité. Par conséquent, notre utilisation des transports doit être repensée.
Les énergies renouvelables devront jouer un rôle fondamental dans les systèmes de transport du futur. Le futur système de transport sera beaucoup plus complexe, avec de multiples acteurs, technologies et liens directs avec le système électrique. Il est clair que les solutions d'énergie renouvelable pour le secteur du transport routier doivent être intégrées dans un cadre plus large d'actions qui réduisent également la demande de services de transport, modifient le choix des modes de transport et augmentent l'efficacité des véhicules.
La décarbonisation du secteur grâce aux énergies renouvelables ne sera possible que si des politiques ambitieuses sont mises en œuvre dans tous ces domaines et si elles tiennent compte des implications pour le système énergétique dans son ensemble. Le remplacement des chauffages traditionnels (à base d'énergies fossiles ou d'électricité) par des pompes à chaleur, le remplacement des moteurs thermiques par des moteurs électriques font que la demande en électricité va exploser. Si l'ensemble des voitures suisses (4.6 millions) étaient propulsées à l'électricité, la demande en électricité augmenterait de 25%. Comment produire cette énergie supplémentaire, sachant que nous devons dans le même temps remplacer l'énergie d'origine nucléaire et intégrer les autres défis? Or il ne faut pas oublier qu'à l'heure actuelle, il y a des jours où on importe jusqu'à 80% de notre besoin en énergie!
Au niveau du canton de Fribourg, la catégorie "Transport", avec 494'QOO t éq.-C02, est responsable de la majorité des émissions directes induites sur le territoire fribourgeois (environ 31%). Le plan de mesures mis en place en 2019 par le Canton de Fribourg contient une mesure qui a pour but de réduire les concentrations de dioxyde d'azote et les nuisances sonores dans les zones habitées, par la promotion de l'électromobilité. De nombreuses études tendent à montrer que, malgré certains défauts, les véhicules électriques présentent un bilan environnemental nettement favorable par rapport à leur équivalent thermique. Le plan prévoit d'augmenter le nombre de bornes de recharge et de soutenir l'acquisition de modèles électriques pour les transports publics.
En 2018, la Ville de Fribourg a mis une flotte de six vélos-cargos électriques à disposition de la population et 4 fourgonnettes électriques ont été achetées pour remplacer des véhicules existants. La Ville favorise également la mobilité douce de ses collaborateurs, un parc de 19 vélos électriques étant à disposition pour les trajets professionnels. De plus, les moyens de se déplacer se sont multipliés: scooters électriques, voitures électriques, trottinettes électriques, etc.
Dans ce contexte si complexe, la Ville de Fribourg se doit d'être exemplaire et d'intégrer toute la chaîne production-stockage de l'énergie renouvelable dans le concept d'électromobilité.
Par ce postulat, le Conseil communal est prié de développer et mettre en place via des mesures concrètes une stratégie adéquate pour la couverture à 100% des besoins en matière d'électromobilité par des énergies renouvelables.
Les lignes directrices primordiales pour l'action comprennent;
- Définir une feuille de route communale à long terme pour la décarbonisation des systèmes d'énergie et de transport et la couverture des besoins pour l'électromobilité à 100% par des énergies renouvelables.
- Adapter les instruments politiques pour mettre en œuvre efficacement la feuille de route énergie-électromobilité.
- Développer des outils pour évaluer les défis et les solutions spécifiques.
- Renforcer la collaboration entre les Services du génie civil, environnement et énergie et celui de la police locale et mobilité.
Fribourg, le 29 juin 2022